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16 août 2006

Paris quartier d'été, à l'année prochaine

PARIS QUARTIER D?ÉTÉ
[Zoom arrière et fondu au noir]

Superbe cuvée, ce Paris quartier d’été ! À en avoir le tournis.


Et merci au ciel, qui a eu l’élégance d’attendre la fin des spectacles en plein air pour nous tomber sur la tête – après une brève tentative d’intimidation en milieu de festival…

Vous avez été encore plus nombreux que l’an dernier à venir picorer ou à ne rien manquer – les chiffres ne différencient pas les visiteurs occasionnels et les accros, mais vous vous reconnaîtrez bien…
Quelle incroyable moisson d’images et de souvenirs : de jour ou de nuit, sous le ciel de Paris, la nef du Grand Palais et ses inventions délirantes ; les tics frénétiques d’un chef d’orchestre et les dessous de l’Opéra comique sur fond de Traviata ; la grâce et la douceur poignante d’une pelleteuse amoureuse ; les Alpes téléportées aux Buttes-Chaumont par l’éclat d’une symphonie ; les extraits de discours en bande-son, l’énergie d’une danse et les espoirs de changement politique ; un réquisitoire tranchant comme un diamant dans la pénombre de l’ancien palais des colonies ; un Koltès de Kinshasa, plus universel et intemporel que jamais ; une plongée dans la sensation par la manipulation en public ; des mélodies bricolées du Soleil Levant ; la fougue d’un pianiste classique sous les arbres ; une virtuosité du fond des âges sous un chapiteau itinérant ; le glissement dans l’eau d’une piscine sans qu’elle s’en émeuve ; deux danseurs, ailleurs, s’insinuant sans pli ni vague dans un paysage ; les ondulations d’une danseuse hawaiienne et celles d’un virtuose sur sa steel guitar ; une guinguette coupée du monde sous les frondaisons des sangliers ; un batifolage ludique d’avant Adam et Ève ; des paysages de Chine suspendus sur le temps ; un chanteur qui danse avec des danseurs qui chantent ; la jubilation du retour aux racines de la fête ; une gouaille ravageuse à faire danser le public, les pieds dans l’eau ; les accords virulents d’un transfuge de la nuit dans les jardins de jour ; des racines du bout du monde emboîtées et vibrant au pied de tours de béton ; enfin, comme une cerise sur un gâteau, une énorme hallucination collective dans un parc de princes.

Et la magie fut…

Avec le recul, on reconnaîtra des thèmes. Par exemple, le triomphe de l’intime : retour aux racines, au point zéro, à la sensation première ou rêve d’enfant qui se réalise… tous les spectacles exaltaient cette dimension souvent secrète. Preuve que les petites musiques, les émotions enfouies, les imaginaires grandis dans l’isolement ne se laissent pas étouffer, mais prospèrent au contraire et séduisent les grands nombres.
Cette année, l’intime croisait la machine, réelle – humanisée ou non, mâtinée de fantaisie et de liberté – et la métaphorique, par exemple la machine opératique diablement démontée… Et la mécanique du rêve ? et celle du désir ? celle du rêve d’enfant si efficace ?
Est-ce qu’on mesure la puissance de telles mécaniques lorsqu’elles se mettent à déplacer les montagnes ?
L’exemple qu’elles représentent ?
Le fil rouge de Paris quartier d’été 2006 ne serait-il pas le combat de David contre Goliath, de l’individu seul et nu contre les mastodontes de la médiatisation, de la mondialisation, de l’économisme, de la vie « moderne »… dans une version ludique et obstinément optimiste ?
Pendant ce temps, un peu partout, c’est fou ce qu’on résiste, ce qu’on persiste…
Suffit d’arrêter de s’en laisser trop conter, il n’y a pas de limites à ce qu’on peut accomplir lorsqu’on est en phase avec l’imagination et la nature – la sienne et l’autre, la grande.
Après un tel plein d’énergie renouvelée, l’hiver venu, vous verrez, l’été ne vous quittera plus.

À l’année prochaine.


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